Par là où le temps va
à la brise fine
à la pierre froide
au silence des argiles
à la nuit qui sonne trois heures
à ce vent aux rides des épidermes
Par là où le temps va
aux lèvres des rires flétris
à ta main qui m'espérait
à cette joie de te pétrir
à cette cendre d'un feu violent
à cet enfant aux cheveux gris
Par là où le temps va
à ce soleil qui réchauffe
à la rosée bue
au balancier des graminées
aux lourds poids de l'horloge
à l'usure des coeurs
à la peur qui me fige
à ma main fébrile
qui use le dimanche
le remontoir du printemps
Par là où le temps va
au pas de la peur
dans la nuit
à ce soleil qui fait nos jours
à cette impuissance
de mes mains qui tremblent
à mon regard
qui voit s'éloigner la lumière
à cette impassible étoile qui s'éteint
Par là où le temps va
à ce chemin qui se dérobe
au sablier des secondes
à ce grain de sable
aux tourbillons des marées
à la haute mer
à la tolérance du granit
au coeur de l'horloge qui bat
aux pas lents du temps
et nos vies
si fragiles de tant de choses
Par là où le temps va
à la pierre grise
où mon coeur d'horloger repose
à ce long silence
que je fais naître
à cet instant d'automne
à cette tendre et espérée
à ce pli
à mes paupières de fatigue
à ces derniers battements de l'horloge
sans la main du poète
je crois qu'à ta dernière
elle frappera trois heures
puis l'aube
s'éloignera pour toujours
Par là où le temps va
à ce pauvre
à ce peu
à ce destin
à ce douloureux
de séparer nos mains
Yann erwan Paveg