me viendra le jour
de poser
le mot dernier
comme un ultime pas
sur lequel
nul ne reviendra
empreinte friable
laissée à l'haleine du vent
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j'observe
plus que je n'espère
de ces jours blottis
dans les pelotes de laine
de mon gilet marin
aui n'a jamais pris la mer
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parfois le jour
ne tient qu'à peu
une éclaircie sur la baie
la main tendre
de la marée
sur l'estran
l'envol glacial
des goélands crieurs
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dans les jours séditieux
que tes propos fomentent
les mots te sont comptés
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si tu savais
le triste requiem
des vents
la chaleur de l'âtre
et le métronome de l'horloge
cette patience
qui de ma vie
égrène les secondes
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maintenant que les vents
vont aux gelées
c'est à toi
que je pense
frêle rouge-gorge
du printemps
à tes matins frileux
et ton chant perdu
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si ta main fébrile
ne voit pas le jour
qui ouvrira
les volets bleus
sur la côte sauvage
qui dira
les cils du soleil
aux doigts du genêt ?
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même si ma nuit vient
avant que Bretagne
n'ait revu le jour
sachez que toute mon âme
avec vous
j'aurais espéré
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elle avait des yeux
comme
les rochers larmoyants
de son pays
à jamais bercés
par les marées
sur le mouchoir fin du sable
elle portait sa vie
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il ne me reste
que mes doigts de cendres
et quelques mots
partis en fumée
le tabac apaise
mon univers inerte
et je fume par amour
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nos vies étaient là
dans la bouche brûlante
des années incandescentes
bientôt les jours espérés
ne seront que cendres
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je vous envoie
la baie de douarnenez
la folle écume
et le beau gris de la mer
je vous envoie
l'envol du cormoran glacial ...
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parfois
dans les dernières heures de l'an
je regardais le cadran de l'horloge
et je pleurais
de ton absence éternelle
pour les années possibles
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je n'aurais pas la force
d'affronter seul
les vents d'hiver
j'espère
qu'ils me prendront
puis me porteront
aux frissons des argiles
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il ne me reste rien
que le sanglot de l'horloge
qui use le métronome
de mon coeur
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tu m'avais dit
d'arrêter de rêver
par tous les pas glacés
de décembre
j'ai essayé
mais ma vie
ne vaut rien
sans toi
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chaque bruit sur la terre
me faisait penser à toi
chaque seconde
chaque matin
je t'attendais
et il me venait des larmes
dans l'hiver
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alors que tout me quitte
j'espère le meilleur pour vous
aimez chaque instant
et le chemin
qui mène à la mer
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l'oiseau mort de l'hiver
va à la disparition du sel
à l'usure patiente
de l'écume
à ta main qui va
d'épiderme en épiderme
...
et oublie
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rien en moi
ne s'excuse
je t'ai aimée
comme les caresses de la marée
aux falaises
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lorsque mes jours
se compteront
sur les doigts d'une main
je n'attendrai plus la tienne
pour me mener
à mon dernier matin
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même si je deviens
un vieil homme
un jour ...
je garderai
mes yeux d'enfant
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je ne te dis pas
le vide de ma vie
derrière le vernis
le coeur tendre de l'aubier
l'écorce rugueuse du matin
sans toi
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je veux aller avec toi
sur le chemin vert du printemps
j'ai peur
parfois
d'un éternel hiver
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auras-tu ecore la force
de pousser la sève
vers la cime du chêne
je te vois si dénudé
si dépouillé
dans les morsures froides du temps
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devant la mer
je ne suis
que le spectateur
désarmé et fugace
de l'éternité
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l'incessant des marées
n'est que l'immuable
toujours recommencé
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tu vois le chemin qui serpente
vers le sommet de la colline
j'y suis presque
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les printemps se superposent
les jours s'empilent
les ans tissent nos vies
Ô combien impuissant
je suis
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je venais de mon enfance
et jour après jour
j'y retournais
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crois-tu
que je n'ai pas souvenir
de ton regard mélancolique
qui cherchait
hier dans le présent
l'ailleurs
ici et maintenant
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le roulis de la mer
ne se souviendra pas
des oiseaux légers
du chahut de la place des halles
ni des chaluts perdus
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puis les gémissements du vent
dans le tintamarre des drisses
apaisaient mon coeur naufragé
pour une autre marée
une larme sur la jetée
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je serrais dans mes mains vides
le souvenir de ton bras
j'avais toute la mer à pleurer
dans ma nuit
et des cernes d'écume
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la balise de l'île tristan
éclairait la sardine de granit
qui bouchait le port de tréboul
et j'allais à la mer
au bout du quai
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une odeur de vin chaud
réchauffait les trottoirs
des clameurs s'élevaient
des esprits échauffés
par les verres vides
des marées d'hiver
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déjà la nuit dévorait
les lambeaux du jour gris
le long des quais
à douarnenez
les estaminets du port
affichaient déjà
les lampions de noël
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ils prennent la fuite
la besace pleine de millions
je suis inquiet
pour l'affamé qui meurt
au coin des rues
l'humain est minable
avec son frère
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ah ! le pauvre de nos vies
si vous saviez
la tristesse
lorsque le soleil
ne se lève jamais
une communion
avec le frimas pour drap
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ma vie s'est perdue ainsi
de mots en phrases
d'images en espoirs
et c'est vrai que là
je voudrais mettre ton visage
à la place du ciel
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adoucir ses mots
arrondir sa phrase
la faire belle
comme un arbre de noel !
n'est-il pas là
l'amour que j'ai pour toi
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au noir de l'hiver
j'étais pressé de retrouver
la chaleur des lampes douces
je t'espérais
même si je savais
que tu ne viendrais plus
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même si je ne fus que peu
pour certains
je fus déjà trop !
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le tambourin de la pluie
a distendu
le bois des charpentes
et le clavier des ardoises bleues
joue un requiem
pour le jour
qui file déjà
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voilà !
je suis parti
par les bras des rues
et je crève sans elle
comme ma voix au ressac
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un jour elle dira:
cet homme était là pour moi
et je ne l'ai pas vu
malgré son insistance
depuis je porte son souvenir
par les rues
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cette capacité qui était la tienne
de sonder les regards perdus
te rendait redoutable
tu cherchais le vrai
car c'était le seul chemin
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vas pleurer
parce qu'il te reste des larmes
vas pleurer
pour celles qui n'en ont plus
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je n'ai pas compris
ce silence après tant de chaleur
je n'ai pas compris
cet éloignement
après tant de proximité
mon chien me regarde ....
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je crois
que je vais fermer les volets
de ma petite maison bretonne
je crois
que les jours
me seront longs
et la douleur tenace
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je vais à la mer
à la marée qui efface
le sombre de nos idées
et nos pas sur le sable
je m'en vais à cet oiseau
dans le vent frais
qui apaise
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j'étais là
sur la terre à t'attendre
maintenant que je n'y plus
inutile de pleurer le ruisseau
qui court des plomarc'h
et sa rue
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après la vie
vient la strate des mousses
du sous-bois
elle gommera les aspérités
des existences
et posera un doux tapis
sur ma pierre
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et ces reliques angoissées
destinées à l'oubli
il n'en restera rien
quelques cendres
et la quiétude de ton chant allé
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avec le temps allant
que te reste -t-il
mon pauvre enfant
une poignée de sable
le chant de l'horloge
et la peur d'une mort certaine
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nul de plus que moi
ne pleure
les mots anciens
la main tendue de l'estuaire
le chant errant des calvaires
personne d'eux
ne me regarde
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là-bas
la coque du bateau amarré
tape le quai
comme mon coeur
dans ma poitrine d'humain
fraternel et sensible
ah le maigre filin de la vie !
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mon saule a perdu
toutes ses feuilles
et je sais que tu m'as oublié
mon arbre pleureur et moi
pleurons des gerbes de pluie
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je n'attends rien
même pas le silence
des premières neiges
sans ta main
tout m'est vain
même l'espoir d'avril
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et ce dimanche passa
d'averse en averse
tout continue tu vois !
même si la mort
nous délivre
du pas pesant des argiles
vers le printemps
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pour déverser
tant de larmes
le ciel doit être vraiment
très chagriné
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tous se jouaient de moi
comme si je fus un humain
de seconde zone : un chien !
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bientôt 16 heures
et le rideau du jour
tombe déjà
la lampe douce
lisse une rouge pomme
l'âtre anime
quelques ombres
hiver vous dis-je !
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je suis pour la folie des vagues
et des écumes
la valse des sentiments ...
les tièdes ne n'intéressent pas
ou plus ...
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le résultat ne vaut
que si le chemin est âpre
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une main
une épaule
un partage
et finalement rien ....
toutes les portes se fermaient
comme ses paupières
sur une évidence
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mon rêve
était bien peu
mais chacun
avait tout fait
pour me le rendre
inaccessible
et j'en crevais
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