je suis la sterne frêle
dans ce vent frais de fin d'hiver
l'oiseau malheureux
allant aux infructueuses vasières
le coeur vide des souvenirs
de la haute-mer
au fond de la baie
je scrute au loin l'oeil du port
la douceur des sardines
ta fenêtre ouverte
dans le cri des goélands
je suis l'oiseau-pantin
dans le minéral silence
et je ne dis rien
je ne chahute plus
au comptoir du café du port
ta rue ne me parle plus
tes volets fermés
les vents contraires
me portent aux antipodes
de la vie
j'ai tiré les rideaux
sur la beauté du monde
avant de devenir une signature de sel
les yeux rongés
par le grand-océan
solitaire des rivages
solidaire d'un naufrage
je ne marche plus
dans le pas des marées